Echo Larendhihle

Les esterans et tout particulièrement les femmes, sont définis comme des êtres sarcastiques, traitant les autres races telles des proies, des morceaux de viande attendant l'instant T où ils seront la cible des enfants de la Nuit.

A contrario, lorsque l'on parle d'Echo Larenhihle, on pense tout naturellement à une jeune esteran, pleine de charme et dont l'innocence préservée dans un emballage dorée de tout vice, marque la moindre parcelle de sa peau. Sa connaissance du monde environnant, similaire à celle des enfants et des habitants n'ayant jamais quitté Ester, ne l'empêche certainement pas de voir son prochain d'un œil tolérant. Oubliant les ailes, les oreilles ou même la forme diamétralement contrastée de certaines ethnies, elle se veut l'incarnation de la tolérance.



En interaction avec les autres, Echo embrasse les traits d'une épouse modèle : chaleureuse, attentive, tactile et aimante, la jeune femme n'oubliera certainement pas de vous donner un petit surnom affectueux lorsque d'un bout à l'autre, les liens se formeront.

Les contes dans lesquelles elle se plongeait étant enfant aiment prodiguer le rôle allégorique de la douce et frêle fleur à la femme. Bien que cela reste en grande partie infondée, il n'est pas rare de fantasmer sur celle que narrait les légendes de notre enfance ; une princesse douce, innocente, dans l'attente qu'un preux chevalier vienne la délivrer de ses tourments. C'est au travers de ce modèle que la jeune demoiselle s'est forgée son caractère et sa personnalité. Naïve, démesurément romantique, il lui arrive encore aujourd'hui de lire quelques récits d'amour durant ses moments de tranquillité. Bien sûr, ne souhaitant entendre les railleries de ses camarades, elle prend le soin de toujours dissimuler ses lectures sous une couverture de cuir, donnant l'impression de lire un récit intellectuel et décourageant ses compagnons de scruter ses lectures.



Émotive, elle répond à la moindre contrariété de ses compagnons par les larmes et la sensibleries.

Maladroite et tête en l'air, il n'est pas rare de la retrouver dans une situation embarrassante ou dans des lieux qui sont loin d'être propices pour elle. Echo peut tout aussi bien se porter préjudice qu'elle ne pourra le faire à ses compagnons en les poussant par inadvertance dans un piège en trébuchant sur une branche, par exemple.

Altruiste, soucieuse des autres, elle n'hésitera pas à prendre soin de vous si nécessaire dans les quêtes à venir. En revanche, de nature pacifique, elle ne pourra pourtant pas vous seconder dans vos actions héroïques. Elle sera celle qui protégera les arrières du mieux qu'elle le peut en attendant que les choses de passent.



Cultivée, Echo participera grandement à la quête des plantes médicinales et objets en tout genre ainsi que les énigmes possibles. Malgré tout, elle reste avant tout une esteran : Si le besoin s'en fait sentir, elle plongera certainement ses crocs dans votre cou afin de vous extraire des perles de sang si chères à sa santé. Néanmoins, ce ne sera que pour mieux vous soigner par la suite. Laissez Echo s'approcher d'un fruit ou renifler une odeur fruitée et elle sera nauséeuse, malade toute la journée. Cela est sans doute dû de son enfance où, dans l'innocence de son temps elle grignota des baies des forêts pour finalement recracher le tout dans une grande souffrance. Depuis, la simple vue d'un fruit suffit à la faire détaler dans le sens contraire.

Pratiquant la flûte traversière depuis son enfance, elle se plaît à jouer un air ou deux lorsqu'elle n'a rien à faire. Fille distinguée, il n'est pas rare de la trouver avec une tasse de thé en main, assise dans l'endroit le plus confortable du milieu en contemplant le paysage. Soyez assuré que quoi qu'il arrive, elle ne se permettra pas de manquer l'heure du thé. Autre chose, si vous décidez de l'emmener avec vous en voyage, ne soyez pas ennuyé de chercher un lit ou un milieu confortable, Echo est parfaitement capable de dormir peu importe l'endroit dans lequel elle ira tout comme il se peut que vous ayez à la porter sur votre dos lorsque le soleil se fera trop brillant et trop chaleureux pour sa petite personne.

Ayant apprise les rudiments du métier d'Assassin de Kylar Krayme, son majordome, Echo use et abuse des capacités de filature et de discrétion pour garder secrète son identité. Après tout, comment peut bien travailler un assassin si celui-ci est découvert ? Or, elle n'a pour autant pas l'âme ni la foi que les assassins d’antan ont fait preuves. Oh, elle n'a jamais déshonoré le moindre credo puisqu'elle n'utilise sa lame que par des occasions exceptionnelles. Sa véritable exploitation du métier et dans la furtivité, essentiellement pour se protéger. Ce n'est que depuis ses vingt-quatre ans qu'elle exploite la véritable facette du métier d'assassin en exécutant par la ruse et l'intelligence plutôt que la vitesse et la lame. Le métier de spiritualiste dont elle se prétend appartenir n'est qu'une couverture vulgaire. Jouant d'un instrument depuis ses dix-sept ans, elle joue de temps à autre pour prétendre appeler les esprits qui, manifestement, se tarde encore et toujours de venir à elle.

Sa plus grand peur est certainement celle de rester enfermée dans un petit endroit. C'est une chose qui a vite tendance à la faire paniquer et l'esteran se transforme en misérable petite chose, incapable de réfléchir convenablement.

Ses plus grandes motivations dans la vie sont celles de partir à l'aventure et de découvrir de nouvelles choses, de nouvelles contrées et cultures. De même, fascinée par les crist, elle aimerait comprendre leur fonctionnement, comment une telle magie peut naître d'eux et, comment l'exploiter. Finalement, et c'est là son dernier objectif dans la vie, elle souhaiterait trouver l'amour, fonder une famille et avoir des enfants, mais cela attendra. Pour le court terme, elle souhaiterait parvenir à compléter les recherches de son père et peut-être, réussir à découvrir le secret de la famille royale, non pas pour une population trouillarde mais pour elle et elle seule.



Une telle association ne pouvait qu'étreindre langoureusement le coeur de la plus renfermée des crapules et le plus exigeant des princes dans les filets de la suceuse de sang.

Echo est comme toutes les jeunes esterans de son âge : Une peau pâle comme la lune, des yeux rouges gorgés de sang et deux canines acérées, prête à mordre la moindre gorge mal dissimulée. A la seule différence se la plupart de ses congénères, elle a des cheveux longs s'enroulant gracieusement à la pointe. Si la chevelure couleur mentholée semble bien atypique au premier abord, elle épouse d'une étrange manière son regard rougeoyant. Elle les laisse bien souvent détaché, laissant alors le vent et les intempéries les désordonner à sa guise. Cependant, afin de garder une certaine visibilité dans un brouillard chevelu, elle coiffe un côté d'une tresse qu'elle attache telle une couronne, cela permet à la fois de libérer sa vue et son visage. Appréciant les accessoires en tout genre, elle ne se cache pas préférer porter de longues boucles d'oreille dorée et d'un collier ras-de-cou où est accroché trois cristaux bleu, ont-ils une puissance cachée où sont-ce seulement des bijoux ? Elle-même n'en est pas certaine. Son front haut couvert d'une frange, ses joues rondelettes, son nez en trompette et ses petites lèvres pulpeuses s'harmonisent parfaitement avec son comportement enfantin et doucereux. Echo ne met de maquillage qu'en de rares occasions, trouvant l'application bien trop coûteuse en temps pour une durée médiocre.

L'esteran est de taille moyenne mais ne laisse pour autant pas échapper ses courbes agréables bien que non extraordinaire pour son âge. Sa poitrine n'est pas aussi développée qu'elle le souhaiterait bien qu'elle la couvre paradoxalement par sa cape. Elle possède quelques cicatrices à l'avant du corps mais les raisons de leurs présences restent bien souvent sous silence. Elle possède une tâche de naissance à la hanche gauche ressemblant à s'y méprendre à une marque de morsure.

La plupart du temps, Echo porte des tuniques sombres fendues en avant afin de laisser libre cours à ses mouvements. A cela s'ajoute des bottes en cuir pratique pour la marche et des petits accessoires ça et là décorant en partie sa peau dénudée. Lorsqu'elle voyage, elle n'oublie jamais d'emmener Qem, une flûte traversière en bois et son sac en peau où elle y range son nécessaire de voyage. Par précaution, elle dissimule dans sa tunique un stylet qu'elle n'utilise qu'en cas d'extrême nécessité.

« Elle fut tel un papillon de nuit s'éclipsant dans la brume, voletant au travers des mêmes montagnes, des mêmes plaines, des mêmes forêts avec une élégance devenue routinière. »

Telle fut la première phrase inscrite dans le carnet de la jeune esteran. Il était difficile de trouver l'inspiration quand le temps manquait, elle avait tenue cependant à coucher son existence sur quelques feuilles en papier qu'elle laisserait, comme à son habitude, dans un tiroir pour finalement le jeter dans une corbeille le moment venu.

Echo naquit dans un village au Nord dans les bras de Jeremiah Larenhihle, dernier représentant des Larenhihle et de Idyie Rivera, son épouse. Issue de la petite noblesse, Echo coulait des jours tranquilles pour son âge où les plus gros tracas du quotidien était certainement d'entendre sa mère, femme au caractère bien trempé, crachait sur le comportement bordélique de son père, un homme parfois trop égaré dans ses pensées pour prendre conscience du temps qui passe. Elle ne comprenait pas toujours tout ce qu'ils racontaient et, parfois, on la consignait dans sa chambre, prétextant avoir à discuter sans être dérangé.

Une nuit, Madame Larenhihle proposa à sa fille une partie de cache-cache. Un petit jeu comme un autre à l'exception d'une variation des règles peu ordinaire : Elle la guida dans le placard à l'abri des regards dissimulée derrière de longs manteaux, la couvrant d'une écharpe à l'odeur de sa mère et laissant dans ses petits bras dodus un doudou d'enfance. Idyie lui demanda de ne sortir que lorsque Kylar Krayme, un ami de son père, ou eux-mêmes viendrait la chercher, l'embrassant avec chaleur, la caressant de douces promesses et de surnoms affectueux, son père les avait rejoint, se contentant d'une caresse sur le sommet de son crâne, caresse qu'il lui faisait à chaque fois malgré les grognements de la petite. Naïve, docile, elle se contenta d'attendre dans un placard, patientant, encore et encore, jusqu'à l'endormissement.

Puis, la porte s'ouvrit avec fracas, elle se retrouva face à un garde de nuit. « Elle est là ! » criait l'homme en attrapant par le vêtement la gamine grincheuse, gesticulant avec témérité. On l'emmena en-dehors de la maison, malgré les larmes de crocodile et les gémissements implorant ses parents, personne ne semblaient prêts à répondre à ses attentes, se contentant seulement de dire « une enfant si jeune... fille des traîtres. »

On envoya dans un orphelinat le rejeton des Larenhihle. La sentence exécutée, on ne souhaitait décemment pas condamner une petite fille vis-à-vis des choix de ses parents, on préféra lui offrir une famille aimante et sans histoire qui la traiterai comme une enfant comme les autres, une vie meilleure. Le mois suivant, la porte grinça et dans la rangée d'enfants se présentant à l'énième adulte, c'est Echo que l'on désigna. Malgré le silence que le nouveau père imposa, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un large sourire : Kylar Krayme avait gagné la partie de cache-cache.

« Elle était tel cet insecte qui rêve confidentiellement de suivre ses cousins diurnes ; dont la beauté n'a d'égale aucune autre espèce, vers une clarté mystérieusement familière. »

Echo clignait des yeux avec insistance. Son esprit s'était égaré dans ses songes, son regard, lui, était posé sur sa tasse remplie de sang. C'était, l'un des plus lointains souvenir d'Echo, quand elle y pense. Les années qui suivirent, Kylar lui enseigna au fur et à mesure tout ce dont elle était en droit de savoir : Jeremiah avait un rêve, celui de permettre à son peuple de ne plus être effrayé ni du soleil, ni de la disparition des hommes et donc, de leur source de nutrition. Il avait trouvé dans les crist la solution-miracle à ces faiblesses. Cependant, de peur de suivre les croyances d'un fou, on condamna Jeremiah et sa femme à la peine réservée aux traîtres ; aux défenseurs des hommes et, par ce biais, à l'extinction des esteran : On lima leurs crocs et on laissa pourrir leur chair au soleil, jusqu'à ce que mort s'en suive. Et finalement, à la suite des fouilles dans la demeure des condamnés, on brûla les écrits du chercheur afin que nul ne puisse retrouver les étranges recherches des Larenhihle.


« Et, silencieusement, ce papillon de nuit, pourtant si fier de son apparence, continue inlassablement de s'approcher des lumières dans son milieu de pénombre et de glace, espérant ainsi, aspirer leurs brillances et leurs flammes d'un battement tonitruant d'aile. »

Son attention se porta ensuite vers l'esteran qui venait d'entrer dans le bureau, une tenue impeccable, une allure stricte, une apparence bien colossale pour un homme qui se voulait aussi agréable qu'un agneau. Il soma la jeune femme de finir ses mémoires, il lui faudrait bientôt partir. Ser Krayme n'était pas qu'un simple ami de longue date de son père, un frère d'arme de la garde de nuit reconverti en précepteur. Il était également un des disciples de Jeremiah, un fervent admirateur comme un allié de choix dans son rêve idyllique. A la demande des Larenhihle dans une lettre rédigée peu avant leur départ, il s'occupa d'Echo, la protégea et l'aima comme elle l'aurait mérité. Ne souhaitant pour autant guère endosser le rôle de père, c'est celui de précepteur qu'il adopta. Ce choix n'était pas un simple caprice de sa part, son but était de laisser volontairement le choix à la jeune femme quant à la reprise des recherches de son père tout comme celui de lui offrir un héritage qu'il n'aurait, à ce jour, nullement la chance de partager avec un autre. Lorsqu'elle fut en âge de devenir indépendante, il lui enseigna l'art de la furtivité, afin de la prévenir des danger à venir, lorsque lui-même ne serait plus en âge de la défendre. Echo apprenait alors à se servir d'une dague, à tromper les autres et à répondre au serment des Assassins. Aujourd'hui, Echo ne pouvait s'empêcher de sourire à cet instant, préservant la vue de son expression sous le regard de Ser Krayme, elle se contenta simplement de souligner ô combien l'homme n'était plus aussi vigoureux qu'autrefois où le moindre faux pas la récompensait d'une tapette à l'arrière de la tête. Son regard s'échappa sur les longues mèches tombant sur sa poitrine, une couleur à la rencontre entre la plaine et le ciel qui la différenciait de bien d'autres esteran, elle aussi, avait bien changé.

Ils vivaient dans une maison à l'orée des bois où Kylar et Jeremiah réalisaient leurs recherches à l'abri des regards indiscrets, par le passé. A présent, ce n'était plus qu'une demeure isolée, tombant en ruine d'année en année mais dont le charme les empêchait de s'en séparer. Echo sentait la nostalgie prendre le dessus sur ses réflexions, elle se rappelait des fois où elle voyait Ser Krayme assis à ce même bureau, lisant avec une certaine incompréhension les notes de son ami qui, à s'y méprendre, était un homme très pertinent mais dont les écrits semblaient faire perdre son sens de la logique. Elle revoyait également la première fois où il lui accorda sa place dans ce bureau, des recherches, des heures de travail de compréhension et d'étude mais aussi des rires francs à en perdre l'équilibre.

Cette fois-ci, sa quête la mènera à traverser les frontières, loin de ces murs, loin d'Ester. Sa tenue sera très certainement différente de celle qu'elle porte à l'occasion, afin de passer inaperçue dans le monde nouveau s'ouvrant à elle. Echo voulait simplement rêver sans être ennuyée ni par sa chevelure, ni par son allure, elle ne serait qu'une voyageuse parmi tant d'autres, rien de plus. Finalement, elle trouva la conclusion éphémère à son récit, signant avec légèreté, non mécontente d'avoir accompli ce dernier souhait avant son départ.

« Condamnée à tenter vainement d'attraper l'intangible, elle se teindra d'un blanc immaculé, attendant le jour où le soleil lui accordera sa bénédiction ou la consumera entièrement. »

E. Larenhihle.